www.armiarma.eus
idazleak eta idazlanak Herri literatura TESTUAK Corpus arakatzailea Klasikoen Gordailuari buruz



Arima penitentearen okupazione debotak
Juan Tartas
1672

      [liburua osorik RTF formatuan]
      [inprimitzeko bertsioa PDFn]
      [faksimilea]
      [Literaturaren Zubitegia]

 

aurrekoa hurrengoa

        Monsieur, le bon Dieu, qui est l'autheur de tout bien, m'ayant fait la grace de composer un petit livre, contenant trois belles, devotes et charmantes Princesses, qui sont l'Oraison, le Ieune et l'Aumosne, i'ay prins la liberté, il y a quelque temps, d'en offrir la dedicace a feu Monsieur le Comte de Troisvilles vostre pere qui me fit l'honneur de la recevoir fort agreablement; mais par malheur pour moy, en mesme temps, que l'impression de mon travail fut achevée dans la Ville d'Orthez, cét illustre Seigneur a fini ses jours en ce monde, au grand regret des tous ceux qui ont conneu sa valeur et ses vertus; cette perte á rendu mon esprit affligé d'une telle maniere que ie ne sçaurois en faire l'expression, et mes trois pauvres filles ont resté sans patron et sans protecteur, et moy sans consolation, lors qu'elles esperoient triompher a l'ombre de leur Illustre Prince; ces trois orphelines sortent d'un Pere sans Mere, et croyent, MONSIEUR, que vous leur servirez de pere et de mere, si vostre Grandeur accorde á leur desolé pere, la grace de porter Vostre Nom a la teste de sa lettre dedicace.

        Si je voulois faire son panegeriste je dirois á l´honneur de ce Seigneur, plus de louanges que mon livre nesçauroit contenir, il faut pourtant que ie fasse honneur, en passant à la verité publique. Ce genereux Seigneur, s'appelloit Troisvilles, en basque Hirur Iria, qui signifie en françois Troisvilles, qui est la capitale de sa Comté en Soule; n'y une, n'y deux, n'y trois, n'y quatre Villes ne sçcauroient assez dignement chanter les louanges de ce grand Heros: Saumur, Pont de Sée, Sainct Iean d'Angely, Monheurt, Toneins, Bergerac, Clerac, Nerac, Sainct Anthonin, Montauban, Montpelier, Navarreins, la Rochelle, Nantey, Lamote, en Lorraine, et Cazal en Italie, serviront d'autant de trompettes pour publier à toute la posterité, par tous les endroits de Royaume la valeur et les services signalez que ce brave Seigneur a rendus a la Couronne aux despens de son sang, durant le Regne de Louis 13. surnommé le Iuste; plus de deux cents cinquante Villes, que ce Grand Monarche avait conquises contre Calvin et Luther, seront autant de fidelles tesmoins pour annoncer les beaux exploits de l'espée de nostre brave et incomparable Troisvilles. Si nous voulions ouvrir le tombeau qui couvre ses os dans l'Eglise de Troisvilles, nous trouverions sur son corps autant de blesseures, et particulierement, celle qui a flué longuement par une canule, receüés pour le service du ROY son Maistre, comme il avoit des cheveux sur sa teste; et si ce Grand Prince eust vescu un peu plus, nostre brave Troisvilles seroit mort Duc, Pair et Mareschal de France, avec le cordon bleu.

        Je brise la dessus, parce que l'histoire, sur tout le livre intitulé «le petit Bassom Pierre» ont mieux parlé de luy dans leurs escrits que je ne siçaurois faire dans ma lettre. Ie quite la source pour parier de ses ruisseaux. Tout le monde sçait que Monsieur le Compte de Troisvilles vostre Frere se fit admirer par sa valeur, il y a quelque temps, dans les troups auxiliara que Louis 14. nostre invincible Monarque avoit envoyez a l'Empereur aux Frontieres de Poloigne et de Hongrie contre les Othomans, parmi lesquels il fut percé a iour d'un coup de mosquet, aprez avoir tué de sa main trois de ses infidelles, qui le vouloient engloutir tout vif.

        Ie ne dis rien de vous, MONSIEUR, qu'un seul petit mot, de peur de choquer vostre modestie; c'est que vous avez quitté les pompes de la Cour et les delires du sicle pour honnorer dans vostre Abbayië la robe de Sainct Pierre, qui est celle de IESUS CHRIST, qui possible vous appelera par les ordres et la providence aux premiers jours de vostre naissance; si vos merites sont reconeus et mes prieres exaucées, nous vous verrons exalté dans les plus hautes dignitez de Rome ou del'estat. Nous avons perdu l'Original, mais vous, MONSIEUR, qui estes son image parfait et le veritable successeur de son merite et de sa vertu, vous passerez en cette rencontre pour Original et pour un parfait image, vous conjurant avec un coeur plein d'amour et de respect à estre persuadé que je n'oublierais jamais dans mes sacrifices le repos de l'ame du deffunct, ny la santé et prosperité du vivant en qualité de

        MONSIELTR.

        Vostre tres-humble et tres-obeissant serviteur TARTAS Prestre et Curé d´Aroue.

        D'Arouë ce 16. Iuillet 1672.

 

aurrekoa hurrengoa